« Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? »

LNC-29-03

Entamé à 9 heures mardi à Paris, le XVIIe Comité des signataires s’est terminé à 2 heures du matin mercredi. Le référendum du 4 novembre a désormais sa question, à laquelle il faudra répondre par oui ou par non.

  • Les Nouvelles Calédoniennes
  • 29 Mars 2018
  • A Paris, Philippe Frédière

accord referendum

Le Premier ministre était satisfait au terme de ces très longues négociations.

Si le Conseil d’État donne sa bénédiction, et malgré quelques grincements de dents, un compromis a été trouvé sur la question qui sera posée lors du référendum du 4 novembre 2018. Une question où apparaissent les expressions pleine souveraineté mais aussi indépendance. Une question binaire, comme le souhaitaient toutes les formations politiques présentes, mais une question où ne figure pas le mot France, auquel tenaient plusieurs formations loyalistes. Mais pour ça, il aura fallu de très longues heures de discussions qualifiées de « directes et sincères » par le Premier ministre lorsqu’il a pris la parole peu avant 2 heures du matin à l’hôtel Matignon. Autant le dire, ce comité aura été le plus long de tous ceux qui se sont tenus depuis la signature de l’accord de Nouméa.

REFONDATION DU DIALOGUE

L’autre sujet qui tenait à cœur au Premier ministre, c’était la reconstitution du groupe de travail voulu par lui, et qui s’est disloqué sur la rédaction de l’exposé des motifs de la décision du Congrès fixant la date du référendum. Sonia Backès pour les Républicains calédoniens, ainsi que Thierry Santa pour le Rassemblement-LR, sont sortis du cercle. Édouard Philippe veut les y faire revenir, quitte à changer sensiblement la formule. Le « groupe de travail sur le chemin de l’avenir » s’appellera désormais « groupe de dialogue sur l’avenir. » Il était convoqué une première fois ce mercredi 28 mars à Matignon, sous la houlette d’Édouard Philippe qui a proposé de nouvelles modalités de fonctionnement. Ses réunions ultérieures, à Nouméa, ne se tiendront plus sous le pilotage du haut-commissaire, Thierry Lataste, mais sous celui d’un conseiller d’État, François Seners, ancien conseiller de François Fillon et ancien directeur de cabinet de Gérard Larcher au Sénat, qui fera le déplacement à chaque fois. On ne lésine pas sur les moyens à l’approche du référendum. La charte des valeurs calédoniennes, en cours d’élaboration a bien sûr été évoquée. Mais en l’état, le document ne fait pas consensus. Il y a encore du travail et le Premier ministre a considéré qu’il ne revenait pas au Comité des signataires de l’acter solennellement.

SÉCURITÉ

Préparation du référendum encore, des discussions ont eu lieu sur l’organisation des bureaux de vote décentralisés, et sur les modalités spécifiques de procuration. Edouard Philippe a déclaré que l’État participerait à la campagne en produisant des documents « pédagogiques qui expliqueront de la manière la plus neutre possible, et sans masquer les incertitudes, les implications à court terme du vote. C’est une des manifestations des principes de sincérité et de loyauté. » Impossible de ne pas revenir sur le problème de l’insécurité grandissante et sur les dangers qu’elle pourrait faire peser sur la campagne et sur le scrutin. « Il n’y a pas de menace spécifiquement identifiée ou d’alerte » a assuré le Premier ministre. Il n’empêche. Un général de gendarmerie et le directeur central de la Sécurité publique ont participé à une partie des travaux pour évoquer les mesures particulières qui seront prises. Un point a été fait sur le bilan de la mise en œuvre de l’accord de Nouméa et les partenaires sont convenus de faire procéder par un cabinet indépendant à une actualisation du bilan effectué en 2012. Ce sera chose faite au mois de juin. La participation de l’ONU au processus en cours a fait l’objet d’un bilan d’étape sur deux volets, l’un concernant la mission du comité de décolonisation, l’autre les experts qui assistent à l’établissement des listes électorales. Pendant quelques mois encore, les représentants de l’ONU vont faire partie du paysage.

 

Leurs analyses

Sonia Backès (Les Républicains calédoniens)

« Ce qui était important pour nous, c’était que les Calédoniens aient clairement le choix par rapport au terme d’indépendance. Certains voulaient le terme de pleine souveraineté, qui était moins compréhensible. Là, on a une question avec le terme d’indépendance donc les Calédoniens pourront se prononcer en toute clarté. Nous souhaitions également une alternative, qui était de mentionner la République française, afin que les choses soient claires. Nous ne l’avons pas eue. »

Pierre Frogier (Le Rassemblement)

« Nous restons sur une conviction, qui est celle d’une question qui permette aux Calédoniens de comprendre clairement le sens de leur vote et nous avons réaffirmé que nous souhaitions une solution alternative : l’indépendance ou la France. Le Premier ministre nous a fait une proposition sur laquelle nous avons émis des réserves mais pour laquelle nous avons accepté un compromis. Et puisque le Premier ministre a fait le choix d’un scrutin binaire, nous allons engager une campagne de terrain de façon à gagner le plus largement possible ce référendum. »

Philippe Gomès (Calédonie ensemble)

« C’est un acte très positif. Il y a deux choses qui comptent pour nous à Calédonie ensemble : le consensus et le dialogue. Le consensus a été trouvé sur le libellé de la question, ce qui est très important. Quel signal aurions-nous donné aux Calédoniens si nous étions sortis sur un désaccord ? Et puis le dialogue a été renoué, puisque le G10 a vocation à être présidé par le Premier ministre lui-même, qui nous recevra demain. Ce qui je l’espère nous aidera à élargir le travail qui a été engagé sur la charte des valeurs. »

Gil Brial (Mouvement populaire calédonien)

« Je n’approuve pas cette question. Je pense que c’est une erreur. Elle va permettre à une partie de la population de se prononcer pour l’indépendance. Mais pour ceux qui comme moi souhaitent un maintien dans la France, la seule solution va être de s’opposer à l’indépendance. Moi, j’aurais voulu un bulletin de vote qui dise « Je veux que la Nouvelle-Calédonie reste dans la France ». Je ne suis pas qu’un anti-indépendantiste, je suis avant tout un défenseur du maintien de la République française en Calédonie. Et c’est ce qui manque à cette question. »

Roch Wamytan (Union calédonienne)

« Pour nous, il était important que la formulation de la question respecte l’accord de Nouméa ou en tout cas ne s’en éloigne pas trop. Car l’accord dit suffisamment de choses pour aider à cette formulation, et comme l’a dit le Premier ministre, le champ des possibles est restreint. Nous avons travaillé sur sept options et nous sommes arrivés à un consensus. Ce dont notre groupe est très satisfait. Certains souhaitaient qu’il y ait deux questions avec à chaque fois la réponse oui. Là, il n’y en a qu’une avec deux réponses possibles, oui ou non. »

Victor Tutugoro (Union nationale pour l’indépendance)

 
« Nous sommes satisfaits du compromis qui a été trouvé sur la formulation de la question. Le Premier ministre s’est également beaucoup investi pour reconstituer un groupe de dialogue. La date du référendum est fixée, la question a été trouvée, mais il est indispensable de continuer à dialoguer et à discuter entre nous car nous en avons besoin et le pays a besoin que l’on aborde cette échéance difficile avec le maximum de sérénité. C’est donc à présent le Premier ministre qui prend les choses en main. Une première réunion a lieu demain »

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